Les particularités architecturales du lieu : clefs de sa réussite
La première vie de notre bâtiment était d’être un ensemble frigorifique. Ses murs épais sont garnis de liège. Il possède une isolation thermique exceptionnelle. Aussi de grands couloirs d’accès, un monte-charge et sur le parvis un plateau de chargement. Ce sont ces éléments qui ont permis sa transformation en ateliers. Aussi bien en ateliers d’artisans que d’artistes, voire d’autres professions qui ont besoin de ces commodités si rares dans les grandes villes.
Les 14 professions allant des architectes silencieux aux musiciens ou sculpteurs « bruyants » n’ont pu s’installer sous le même toit qu’à la condition d’être relativement bien isolés des uns des autres. L’isolation thermique a aussi un effet d’isolant phonique.
Les locataires des « Frigos » ont pu créer sans le vouloir le premier lieu en Europe qui ait une telle mixité. On appelle cela « mixité verticale », puisque distribuée superposée sur 5 étages. Cela n’a été possible que grâce aux caractéristiques tout à fait particulières du bâtiment.
On appelle cela « mixité verticale », puisque distribuée superposée sur 5 étages.
Mais il faut y ajouter l’énergie des uns et des autres pour aménager individuellement chaque « frigo » en y ajoutant des fenêtres, des sanitaires et divers équipements professionnels.
On ne répètera jamais assez – si la Compagnie des Entrepôts et Gares Frigorifiques (CEGF) n’avait cédé pour le franc symbolique le site à la SNCF (Compagnie ferroviaire), si celle-ci n’avait pas loué en l’état des locaux aveugles à qui voulait – rien ne serait arrivé.
Finalement, une location illégale dans sa forme a permis à 120 personnes de créer 87 ateliers lesquels depuis des décennies font vivre les locataires mais aussi ceux qui, nombreux, y viennent pour suivre diverses formations.
La leçon que l’association « les Frigos APLD 91 » en tire : les Institutions sont incapables de se risquer dans une telle innovation, le hasard doit s’en mêler.
C’est bien pour cette raison que nos divers propriétaires, le dernier étant la Ville de Paris ne savent pas comment le « penser ». Ils encaissent l’argent et tourne le regard ailleurs.
En compensation, nous captons ceux qui internationalement et localement rédigent des doctorats, des masters et autres mémoires sur notre aventure.
Nous aimerions que ce qui est devenu un exemple puisse faire des petits ailleurs, dans d’autres villes. Déjà à Berlin des entrepreneurs ont acheté un « Frigo » pour s’inspirer de notre aventure.
Ces lignes sont écrites au moment du passage en 2014 : année risquée pour de nombreux locataires, puisque le propriétaire souhaite augmenter les loyers pour les aligner sur le quartier neuf autour. Ce qui casserait la pluralité du lieu et son seul intérêt en n’y gardant que ceux à revenus relativement élevés.
Le hasard qui nous a permis d’être là a bien fait les choses ? À suivre.